Disney a une longue tradition de films d’animation mettant en scène des animaux comme ce fut le cas pour Bambi. Mais les studios de l’oncle Walt se lancent sur un terrain déjà bien exploité avec le monde des dinosaures. Cependant avec ce 65ième long-métrage d’animation, l’originalité reste ici dans le choix de la technique de représentation car les images de synthèse mêlées aux prises de vues réelles nous fait penser que l’on a presque affaire à un film live bourré d’effets spéciaux.
Comme d’habitude, chez Disney, ce n’est pas vraiment le scénario qui maintient en haleine. La cible étant le grand public avec, malgré tout, une large dominante enfantine. L’histoire ne doit pas être trop compliquée, ni trop violente et les protagonistes sont dans l’ensemble classiques. Judicieux mélange du Petit Dinosaure et de La Vallée des Merveilles de Don Bluth et de Tarzan, Dinosaure plonge le spectateur dans un univers incroyable, où l’on suit Aladar l’iguanodon, élevé parmi les lémuriens, à travers sont grand périple jusqu’à la Terre des Nids.
En piste, les dinosaures !
On en prend plein les yeux ! Dès les premières images, on a droit à un vaste aperçu du monde où vivent ces gigantesques bestiaux. Une magnifique prise de vue nous amène dans une forêt, puis dans une rivière pour terminer dans les cieux entre les griffes d’un ptéranodon, qui révèle alors à nos yeux ébahis, les immenses troupeaux se partageant le sol accidenté du crétacé. Plus d’une trentaine d’espèces y est représentée avec le plus grand soin. La tâche des réalisateurs étant si pointue, qu’ils furent amenés à se faire assister par d’éminents paléontologues et à étudier avec minutie l’ossature et la musculature des animaux afin d’en représenter fidèlement les mouvements. Certes, la présence des lémuriens telle qu’ils apparaissent est une aberration chronologique, mais elle est délibérée et nécessaire au récit. Toutefois, ne vous attendez pas à assister à un cours sur la vie des dinosaures à proprement parler, mais si vous prenez le soin de bien observer ce joli conte, vous apprendrez beaucoup sur leur mode de vie, de migration, ainsi que les dangers qu’ils pouvaient courir à cette époque redoutable. La loi du plus fort était aussi de mise pendant l’ère du crétacé.
Un jeune dino en quête initiatique
Le thème principal est plein de bons sentiments et un tantinet classique. En voici la trame : le héros, Aladar encore dans son œuf, subit un long voyage périlleux qui se terminera heureusement sur une petite île, habitat de prédilection d’une tribu de lémuriens joueurs. Très vite accueilli malgré sa croissance impressionnante, il apprendra à leur contact ce qu’est la vie de groupe et l’esprit de cohésion. Mais, soudain, le ciel s’illumine de mille feux et une météorite vient mettre fin à leur bonheur. Grâce à sa taille, Aladar parvient à sauver sa petite famille parmi lesquels on retrouve : le sage Yar, sa fille Plio qui joue le rôle de mère pour l’iguanodon, la petite Suri et le comique de service, Zini. Ils échouent sur une terre dévastée où les dangers les guettent. Par chance, ils croisent une colonie de dinosaures en pleine migration, menée par le bourru et suffisant Kron, qui les accepte en son sein. Débute alors une longue marche éreintante et un rude combat pour Aladar contre les préjugés et l’obscurantisme.
Une réalisation sérieuse
Dinosaure a été réalisé par Ralph Zondag et Eric Leighton qui fut superviseur de l’animation sur L’étrange Noël de Mr. Jack de Tim Burton. Quarante-huit infographistes et animateurs traditionnels ont travaillé dans un studio spécialement créé pour l’occasion appelé Northside en 1997 et situé à Burbank aux USA. Celui-ci possède la structure informatique nécessaire pour réaliser intégralement un film en images de synthèse, ce qui n’est pas rien. Car Dinosaure a nécessité 3,2 millions d’heures de traitement des données pesant pas moins de 45 millions de mégaoctets. Northside a également fusionné avec le studio d’effets spéciaux de Disney, Dream Quest, pour former The Secret Lab, responsable d’effets visuels sur divers films live. Pour rendre plus réaliste cette reconstruction du temps des dinosaures, la plupart des décors ont été filmés dans le monde entier comme en Australie, au Venezuela, en Californie et en Floride. Pour ce faire, une nouvelle technique fut conçue, la Dinocam, permettant des points de vue en rapport avec l’impressionnante taille de ces monstres du crétacé.
Par la suite les acteurs virtuels ont été incrustés, de même qu’un certain nombre de détails destinés à rendre une certaine cohérence comme la coloration du ciel, le placement des ombres, le travail de la lumière, le raccordement des divers plans et parfois le mélange d’éléments provenant de plans différents. On pourrait néanmoins regretter quelques ratés qui révèlent ponctuellement ces modifications mais l’ensemble est toutefois surprenant de réalisme. Afin de lier soigneusement les prises de vues réelles avec les désirs des animateurs, un cahier des charges très précis, sous la forme d’un guide 3D, fut nécessaire, comprenant la composition du plan, les positions des acteurs et le positionnement de la Dinocam par rapport à eux. Celle-ci peut se déplacer à 50 Km/h, bouger verticalement sur 20m, et tourner sur 360°. Entièrement programmable, elle peut effectuer un parcours de 300 mètres semé d’embûches ! Une petite révolution !
Le projet de ce film ne date pas d’hier puisqu’il commença à se constituer en 1988 sous forme d’un film live, mais ce n’est qu’en 1994 que Dinosaure devint la propriété du département animation de Disney. Après plusieurs années de fouilles, l’utilisation de l’imagerie de synthèse fut retenue. Le choix du héros prit aussi un certain temps, puisque, d’abord, Aladar devait être un styrachosaure, animal cornu et à la collerette osseuse ressemblant à un rhinocéros. Toutefois, c’est l’iguanodon qui remporta la coupe par son côté plus sympathique ; pas de corne, la vague forme d’un équidé, la possibilité de se mouvoir sur deux ou quatre pattes et surtout un faciès plus expressif. D’autre part, la musculature du visage des dinosaures est très limitée, il a donc fallu la transformer pour la rendre plus vivante, plus humaine. Ici, les protagonistes parlent et sourient. Le plus étonnant reste la représentation des yeux, immenses et luisants, ressemblants à ceux, en verre, des poupées. Cela permet d’accentuer l’expressivité du personnage tout en apportant un côté enfantin et un peu décalé à l’ensemble, ce qui prouve bien que Dinosaure n’a pas comme but unique de représenter strictement la nature mais bien de frapper les imaginations.
Une grande part de la démarche et de la structure générale des corps ainsi que la texture de la peau, se voulaient très fidèles. Des maquettes 3D des différentes vedettes à l’échelle ½ ont servi de modèle pour placer les points de contrôle à animer. Les muscles ont été déposés sur les squelettes en accord avec les paléontologues et les spécialistes de la locomotion. Un soin tout particulier a été porté aux effets de mouvement des peaux. Celle-ci a même été ramollie à certains endroits pour exprimer les plis et la souplesse du derme. De même, vous serez sans doute surpris par les mouvements désordonnés des poils des lémuriens. De différentes longueurs, ils bougent au moindre souffle de vent. Leur fourrure est découpée en 540 petites parcelles, toutes indépendantes les unes des autres, et dont on peut contrôler chaque poil individuellement si on le souhaite. On peut même leur ordonner de s’agglomérer pour donner l’impression qu’ils sont mouillés. Ce système se décline également dans la modélisation de l’herbe de la prairie maltraitée par les pattes des reptiles.
Mon avis sur le film
Si certains dinosaures de ce film parlent, heureusement ils ne chantent pas, pour le bonheur de nos oreilles ! La bande son a un petit côté Conan le barbare et se prête assez bien à l’action, lui apportant grandeur et drame. Une note humoristique intervient également en la personne de Zini, dont Jamel Debbouze interprète la voix, qui a bien du mal à draguer ses congénères. Sans grande surprise scénaristique, Dinosaure est toutefois une agréable aventure à vivre rien que pour le plaisir de se retrouver au milieu de ces espèces disparues aujourd’hui. Ballotté parmi les brachiosaures, styrachosaures, ankylosaures et même les carnataures, allant du plus petit au plus grand, du plus paisible au plus brutal ; nul doute que l’émerveillement devant la diversité de ces bêtes d’un autre âge vous laissera rêveur.
Blogueur sur les-dessins-animes.fr, Nicolas est un passionné de BD, mangas, et de japanimation. Son anime préféré n’est autre que Neon Genesis Evangelion, qui reste pour lui une œuvre charnière qui lui permit de découvrir l’immensité de l’univers du dessin animé japonais.
Désolé, mais à mon avis le ton de l’analyse critique ne correspond pas à l’adn de coup-de-vieux.. Je pense que les personnes qui visitent ce site veulent précisément ne pas lire des pseudo démonstrations de ce qui est bien ou pas bien dans telle œuvre artistique (critiques toujours destructrices, arguments bienveillants jamais évocateurs), mais simplement d’évoquer des sentiments personnels liés à l’enfance vécus spontanément.
Salut Paul! Merci pour le retour.
C’est justement un article invité, Nicolas est auteur sur un site spécialisé de dessin animés de vieux des années 80 http://les-dessins-animes.fr
Le site coup de vieux ayant beaucoup moins de nouveaux contenus qu’a la belle époque je trouvais intéressant d’avoir du contenu frais. Il est vrai que nous n’avons pas historiquement l’habitude de pousser nos analyses aussi loin 🙂 mais je trouvais justement que ca changeait. J’ai a coeur de relancer ma motivation pour alimenter le blog et pour cela je cherche des auteurs. Avis aux amateurs 🙂